

La position Gi 351 et ses bunkers
Un point d’appui “sauvage” sur la pointe du Nord-Médoc
La position Gi 351 fait partie de l’un des nombreux points d’appui fortifiés qui jalonnent la pointe du Nord-Médoc, en Gironde, dans la région Nouvelle-Aquitaine. Cette zone se distingue par une exceptionnelle densité de bunkers, conséquence directe de sa proximité immédiate avec l’estuaire de la Gironde, un axe fluvial majeur et surtout de la présence, à l’arrière, de la base sous-marins (U-boot bunker) de Bordeaux, cœur stratégique du dispositif naval Allemand sur la façade Atlantique. Pour les plus sportifs, ce site historique du Mur de l’Atlantique en Gironde offre un espace de vol très intéressant pour le vol en parapente en plus des randonnées littorales.
Au fil de nos études de terrain, il apparaît que de nombreux ouvrages construits dans ce secteur ne servaient pas uniquement à la logistique ou à l’hébergement des troupes. Une part significative d’entre eux avait une fonction bien précise : abriter des canons antichars de 5 cm KwK (Kampfwagenkanone). Ces pièces d’artillerie étaient déployées pour renforcer la défense côtière, en particulier contre un éventuel débarquement.
Là où la mémoire perce encore la dune
Parfois, il ne reste presque rien. Et pourtant, ce “presque” est un “vestige” historique. Sur la pente sablonneuse de la position Gi 351, à quelques mètres seulement des vestiges massifs des bunkers, on distingue encore un morceau de fil de fer barbelé allemand, rouillé, recourbé, planté directement dans la dune, là depuis plus de 80 ans.
Ce vestige discret est pourtant hautement symbolique : il rappelle que chaque position du Mur de l’Atlantique, du plus petit tobrouk jusqu’à la plus grande casemate d’artillerie, était systématiquement protégée par des dispositifs défensifs.
Comme des champs de mines ou des fils barbelés et les célèbres obstacles de plage (tétraèdre, porte belge, asperge de Rommel “Rommelspargel”)

Après les barbelés, place aux bunkers : immersion dans l’architecture militaire du Mur de l’Atlantique en Gironde
Dans le bloc précédent, nous avons évoqué un vestige discret mais chargé de sens : les fils de fer barbelés allemands, encore visibles dans les dunes de la position Gi 351. Ces reliques sont relativement rares à observer aujourd’hui, car exposées à l’érosion, au sable et au passage du temps. Et pourtant, elles rappellent avec force que chaque point d’appui du Mur de l’Atlantique était structuré non seulement autour de ses bunkers en béton armé, mais aussi de tout un écosystème défensif : champs de mines, obstacles de plage, systèmes de barbelés et tranchées.
Maintenant, nous vous invitons à passer du sable au béton, et à découvrir ce qui constitue le cœur stratégique et visuellement le plus impressionnant du site : les bunkers ou blockhaus, comme on les appelle familièrement de la position Gi 351.
Ces ouvrages militaires massifs, construits entre 1942 et 1944, témoignent d’un savoir-faire allemand en matière d’architecture défensive, standardisé mais redoutablement efficace malheuresement. Chaque type de bunker répondait à un usage précis : protection d’une pièce d’artillerie, abri pour les soldats, poste d’observation, défense rapprochée, ou conduite de tir. Sans compter les stations-radar de la Luftwaffe…
Dans les lignes qui suivent, nous allons explorer en détail les principaux bunkers présents sur cette position du Mur de l’Atlantique, en vous expliquant leur rôle, leur configuration interne, et leur intérêt historique. Un contenu idéal pour les passionnés d’histoire militaire, les amateurs de randonnées littorales originales, ou tout simplement ceux qui veulent voir de leurs propres yeux ce pan méconnu mais fascinant du patrimoine du littoral Girondin.
Les deux bunkers R 600 du site
La plateforme de tir : un guet de béton sur la plage
Ce qui distingue réellement le bunker R 600 des autres ouvrages sur la position Gi 351, c’est sa plateforme de tir supérieure, aménagée directement sur le toit du blockhaus. Ce poste surélevé servait à installer un canon de 5 cm KwK en position fixe, assurant une défense antichar redoutable sur la plage ou les axes d’approche terrestres.
L’accès à cette plateforme se faisait depuis l’extérieur du bunker par deux accès desservis par des échelons métalliques fixés dans la paroi, grimpant à la verticale jusqu'à la plate-forme de tir. Cette disposition, typique de l’architecture militaire allemande, permettait un accès rapide. Nous remarquons que certains modèles de R 600 étaient équipés d’escaliers pour desservir la plate-forme de tir, comme sur la position Ar 7 du Pin-Sec de Naujac-Sur-Mer
Une fois au sommet, la plateforme offrait :
Un champ de tir dégagé,
Des alcôves dans béton pour le rangement immédiat des munitions,
Des ancrages métalliques permettant de fixer l’affût pivotant du canon.
Aujourd’hui, même si le canon a disparu, il est encore possible d’observer :
Les traces circulaires laissées par l’affût, ainsi que les niches à munitions dans le béton du poste de combat.
À la découverte du bunker R 600 avec Chloé
Sur la position Gi 351, Chloé nous guide aujourd’hui à travers les vestiges du bunker R 600, un modèle standard du Mur de l’Atlantique, encore bien lisible dans le paysage dunaire. Nous allons découvrir plusieurs éléments caractéristiques de cet ouvrage, visibles directement sur place et parfaitement reconnaissables pour les visiteurs attentifs.
Contrairement à de nombreuses autres positions bétonnées, souvent envahies par la végétation ou difficiles d’accès, celle-ci a la particularité d’être totalement intégrée dans un paysage littoral ouvert, et peut même, se découvrir pieds nus, au cours d’une randonnée dans le sable.
Une seule entrée
Contrairement à d’autres bunkers du Mur de l’Atlantique qui possédaient deux accès ou des sas plus complexes, le R 600 que l’on visite ici ne comporte qu’une seule entrée. Celle-ci donne directement sur un petit escalier en béton menant à l’intérieur du bunker

Grille d’aération pour le système de ventilation
Juste à côté de cette entrée, on distingue toujours un orifice circulaire muni d’une grille d’aération d’origine. Ce détail discret fait partie intégrante du système de ventilation du bunker. Il permettait d’assurer un minimum de circulation d’air à l’intérieur, indispensable pour l’équipage occupant les lieux pendant de longues périodes et les attaques au gaz de combat
Les échelons métalliques pour accéder à la plateforme de tir
Toujours visibles aujourd’hui, on aperçoit les restes d’échelons en acier, scellés dans le béton, qui permettaient l’accès à la plateforme de tir située au sommet du bunker. Cette plateforme accueillait un canon de 5 cm KwK, avec vue dégagée sur la plage. Ces échelons sont un indice clair de la circulation verticale prévue sur la structure.

Les équipements intérieurs visibles dès l’entrée du bunker
Alcôve gauche : emplacement du téléphone
En entrant, dans le petit escalier d’accès, on repère une alcôve dans le mur gauche, plus large que la moyenne. C’est ici qu’était installé le poste téléphonique du bunker, permettant probablement de transmettre ou recevoir des ordres en lien avec le tir du canon ou la coordination avec d’autres points d’appui voisins.
Alcôve droite : interrupteur électrique
Une alcôve plus petite est encore visible. Elle servait à abriter un interrupteur, pour actionner un système d’éclairage simple à l’intérieur du bunker. Ce détail, souvent oublié, permet d’imaginer le fonctionnement quotidien de ces ouvrages, occupés en continu.








Entre ciel ouvert et béton armé : comprendre l’évolution des casemates de tir sur le Mur de l’Atlantique
Sur cette portion littorale du Médoc, la randonnée historique que nous vous proposons vous amène à observer une véritable transition dans l’architecture défensive du Mur de l’Atlantique. Après avoir découvert les bunkers de type R 600, place désormais à un autre modèle emblématique : le bunker R 667.
Ces deux types d’ouvrages servaient un objectif commun : abriter un canon antichar de 5 cm KwK. Mais la manière de les protéger, elle, a considérablement évolué.
Du R 600 au R 667 : une évolution tactique visible dans le béton
Les bunkers R 600 abritaient déjà des canons antichars de 5 cm KwK, tout comme les R 667. Mais la comparaison s’arrête là. Sur les R600, le canon était positionné à l’air libre, sur une plateforme en toiture, sans aucune protection pour les servants. En cas de tir ennemi ou de conditions météorologiques difficiles, les artilleurs étaient totalement exposés, ce qui limitait l’efficacité à long terme de ces positions.
À l’inverse, le R 667 représente une évolution importante dans l’architecture défensive du Mur de l’Atlantique. Il s’agit d’une casemate fermée, avec une salle de tir protégée par des murs de béton de 2 mètres d’épaisseur. Le canon est abrité, les servants également!.
D’avantage de détails sur la casemate de tir R 667
Une casemate de flanquement : tirer en longeant la plage
Le R667 est conçu comme une casemate de flanquement : le canon tirait parallèlement au rivage, pour prendre en enfilade toute tentative de débarquement sur la plage. L’embrasure de tir rectangulaire, toujours visible, est orientée latéralement, et protégée par un mur de flanquement — un mur épais et allongé qui empêche les tirs directs venus de l’océan de pénétrer dans l’ouverture.
Une architecture défensive sophistiquée
L’entrée du bunker est conçue en chicane, afin d’empêcher toute intrusion directe et de ralentir un assaut. Elle est toujours visible, avec son linteau métallique d’origine. Une fois à l’intérieur, on découvre un espace de combat exigu mais efficace, avec un plafond blindé, une zone de tir, et un orifice latéral discret destiné à l’éjection des douilles après chaque tir — preuve d’une grande fonctionnalité dans un volume pourtant restreint.
Article en cours de rédaction
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