Gi 306 “Oppeln”

Gi 306 : la sentinelle mouvante du Mur de l’Atlantique au Verdon-sur-Mer

Un site de bunkers singulier entre dunes, océan et mémoire

Au nord de la presqu’île du Médoc, sur la commune du Verdon-sur-Mer, la position GI 306 constitue l’un des points d’appui les plus étonnants et instables du Mur de l’Atlantique en Gironde. À la fois fragile et spectaculaire, ce site militaire allemand de la Seconde Guerre mondiale est aujourd’hui en constante transformation, modelé par les tempêtes atlantiques et l’érosion dunaire.

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Comme l’ensemble des positions numérotées du Mur de l’Atlantique, Gi 306 a été construite entre 1942 et 1944 par les forces d’occupation allemandes, avec le soutien logistique de l’Organisation Todt. Sa mission : surveiller l’estuaire de la Gironde, dissuader un débarquement allié, et couvrir les approches de la base sous-marine (U-Boot bunker pour les puristes) de Bordeaux.

Contexte historique : une pièce du puzzle défensif allemand

Un paysage en mouvement : la chute d’un socle radar

Le caractère spectaculaire et singulier de la position Gi 306 réside surtout dans l’évolution physique du site. Au fil des années, et notamment suite à une violente tempête hivernale, un événement a été observé : la chute d’un socle radar V 229, auparavant perché en haut de la dune, désormais effondré et gisant en contrebas sur la plage.

Ce socle en béton abritait un radar de type FuMG-65 Würzburg-Reise, utilisé pour le guidage des batteries côtières et la détection d’avions ou de navires. Il s’agit d’une pièce importante, témoignant de l’importance technologique de cette position. Sa chute, bien que tragique pour la conservation du site, offre une nouvelle perspective sur son architecture désormais visible de près, presque “couchée” dans le paysage.

Le socle V229 : Radar Würzburg-Reise

Les ouvrages militaires de la position GI 306

Malgré les ravages du temps et de l’Océan (sur cette zone du littoral ou le recul du trait de cote est particulièrement prononcé), plusieurs constructions du site Gi 306 sont encore partiellement accessibles et permettent de retracer la vie quotidienne des soldats allemands en poste ici

Bunker R 621 : la vie en garnison

Le R 621 est un bunker d’habitation, conçu pour accueillir une garnison de 10 de soldats. Il comprend :

Deux entrées protégées par un sas anti-gaz,

Une pièce principale avec couchettes, table, et système de ventilation,

Un lavabo pour décontamination.

Un poêle pour se chauffer et cuisiner.

C’est un modèle standard très répandu, mais dans ce contexte isolé, il illustre bien la rudesse de la vie militaire sur la côte Girondine, dans un environnement souvent hostile.

Bunker R 134 : la soute à munitions double entrée

Autre construction remarquable, le R134 est une soute à munitions dotée de deux accès distincts. Il s’agit d’un ouvrage moins courant, conçu pour limiter les risques d’explosion en cas de tir ennemi ou d’accident. Sa structure est simple, mais efficace.

Important : cet ouvrage est partiellement visitable mais uniquement à marée basse. Il est strictement déconseillé de s’y aventurer à marée montante, au risque de se retrouver piégé à l’intérieur. La sécurité prime toujours sur l’exploration ou la curiosité.

Conclusion

La position Gi 306 est une relique vivante du Mur de l’Atlantique, rare, changeante et fragile. Entre la chute d’un socle radar, les vestiges de bunkers classiques et l’omniprésence de l’Océan et de ses cycles, elle nous rappelle que l’histoire n’est jamais figée, surtout quand elle s’écrit à même les dunes de Gironde

Chaque randonnée littorale dans le Médoc est différente, chaque marée redessine les lieux. Ici, le béton raconte, mais c’est la nature qui décide.

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